Pour vous, qui suis-Je ?
Homélie pour le jour de Noël - année A
Jeudi 25 décembre 2025
Transportés dans la splendeur du Ciel...
Ce matin, nous contemplons une Sainte Famille qui a retrouvé son calme après les événements de la nuit et du petit matin. Et en quelque sorte, nous aussi, nous quittons la crèche comme les bergers. Non pas pour retourner dans nos champs mais pour être comme transportés par les anges et par saint Jean, dans la splendeur du ciel, afin qu’une fois redescendus, nous puissions admirer ce qui se vit à Bethléem avec plus de pénétration et d’admiration.
En effet, jusqu’à présent, beaucoup de choses ont capté notre attention : l’arrivée de la Sainte Famille dans la grotte de Bethléem, puis le chant des anges qui fit connaître l’événement aux Bergers. Enfin, au petit matin, nous étions avec les Bergers, dans le calme, pour recevoir dans nos bras, l’Enfant Dieu que la Vierge Marie est venue nous déposer maternellement. En effet, si c’est au pied de la croix qu’elle est devenue notre Mère, il demeure que son Cœur maternel pour l’humanité était déjà agissant en cette nuit de Noël.
Mais, comme nous venons de l’évoquer, maintenant, nous sommes transportés dans la gloire du ciel, et saint Jean nous livre ces paroles d’une importance capitale : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. […] Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. »
Il est bien difficile de réaliser ce que nous venons d’entendre dans l’Évangile de ce jour. Peut-être sommes-nous aussi trop habitués à ce mystère ineffable… Néanmoins, en ce jour de Noël, après nos passages à la crèche de cette nuit et de l’aurore, l’enfant Jésus nous pose finalement la question qu’il posera plus tard aux apôtres : « Au dire des gens, qui suis-je ? »
Comme les apôtres, nous pouvons répondre sur ce que nous constatons :
1- pour les uns : un inconnu. Combien, en effet sont nombreux ceux qui ne connaissent même pas l’origine de ce qu’ils appellent « les fêtes de fin d’année » Jésus est pour eux un inconnu sans importance, car le matérialisme a envahi leur vie.
2- Pour les autres un sage peu ordinaire. Or, comme le disait notre Pape Léon XIV : « Mais si Dieu ne s’est pas fait homme, comment les mortels peuvent-ils participer à sa vie immortelle ? » C’est un fait : si Jésus n’est qu’un sage, il ne peut nous sauver, il n’est pas notre Rédempteur.
3- Pour d’autres encore, il est bien considéré comme Dieu, mais presque seulement en théorie, sans que leur cœur vibre à cet amour brûlant que renferme ce petit Enfant de Bethléem. Et Jésus poursuit en nous regardant.
À notre tour, il nous pose une question : Et pour vous qui suis-je ? En ce jour de Noël, après avoir réentendu ces paroles inspirées des lectures de ce jour, nous répondons avec un cœur rempli de confiance et de reconnaissance : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! Tu es notre Dieu si humble et si aimant ! Nous voulons t’aimer, nous voulons t’adorer ! En redescendant sur terre, en retournant à la crèche, nous voulons te dire tout notre amour ! Nous voulons vivre de cette joie de Noël malgré les épreuves, parfois si lourdes, que nous pouvons porter.
Cette montée au ciel doit nous redonner un vrai cœur d’enfant. Le Père écrivait à nos amis : « Comme Jésus nous a dit que "nul n’entrerait dans le royaume des Cieux s’il ne devenait semblable aux petits enfants", c’est sans scrupules que nous nous réjouissons comme des enfants autour du Petit Enfants Jésus et des cadeaux que sa bonté inspire. » Oui, Soyons bien enfants pour recevoir ses cadeaux que sa bonté inspire.
Retournons donc à la crèche, et là, nous retrouvons la Sainte Famille. Le bon saint Joseph qui nous apprend à adorer son Fils adoptif, le Verbe fait chair. Nous retrouvons également la Vierge Marie qui est véritablement la Mère de Dieu.
Le Cardinal de Bérulle, considérer comme le fondateur de l’École français nous fait pénétrer dans ce mystère de la Maternité divine :
« Le Fils la regarde toujours comme sa Mère ; − écrit-il − et elle le regarde toujours comme son Fils ; ce regard ne se perd jamais. […] Et bien que le Fils est d’autres qualités, Verbe de Dieu, Souverain, etc., elle les regarde parfaitement. Mais elle ne perd point ce premier regard qui subsiste et se conserve parmi tous les autres. […] Elle le voit, elle le sent, elle l’aime, elle le regarde comme son Fils »
Attachons-nous donc filialement à cette Sainte Mère pour qu’elle nous apprenne la profondeur du mystère de Noël.
Mais la Vierge Marie nous invite aussi à ne pas garder ce trésor pour nous-mêmes. Comme les anges, dans la nuit, ont annoncé la grande nouvelle aux bergers, nous devons nous aussi faire connaître cet événement à nos contemporains.
Le Père disait encore :
« Allez, au pied de la crèche, ouvrir vos cœurs à l’Emmanuel, les offrir avec une immense confiance et un ardent désir, pour qu’Il les remplisse, les purifie, les renouvelle et même en fasse des instruments de son amour pour le renouvellement de ceux qu’il vous permettra d’atteindre par le rayonnement de votre foi et de votre charité. »
Ce Noël de l’Année Sainte, doit donc être source de rayonnement de foi et de charité ! Dans la première lecture nous avons entendu cet appel : « Comme ils sont beaux sur les montagnes, les pas du messager, celui qui annonce la paix, qui porte la bonne nouvelle, qui annonce le salut, et vient dire à Sion : « Il règne, ton Dieu ! » » Jésus vient nous annoncer notre délivrance, il vient triompher de la mort et du péché ! Ainsi, nous ne devons donc pas craindre si à l’extérieur, les grands de ce monde semblent tout puissant. En définitive, c’est ce petit enfant qui est Tout-Puissant et qui régnera malgré Satan et ses suppôts.
Que la Sainte Famille, en ce jour de Noël, nous garde donc dans une grande confiance, une grande joie, une grande paix. Qu’elle en fasse don à tous les peuples de la terre. Que l’Enfant-Dieu, en ce Noël de l’Année Sainte puisse régner largement dans les cœurs et dans les nations du monde !