Saint Thomas d’Aquin (1/2)
Dès sa petite enfance, Thomas, fils des seigneurs d’Aquin, manifeste une précocité étonnante, tant au point de vue intellectuel que spirituel : à deux ans, l’objet auquel il tient le plus est un petit parchemin dont l’inscription « Ave Maria, gratia plena » le ravit et suffit à calmer ses pleurs ! A cinq ans, il est conduit au monastère du Mont Cassin pour son éducation. « Qu’est-ce que Dieu ? » demande-t-il alors au moine qui enseigne les garçons plus âgés auquel il s’est discrètement mêlé… Cette question sera le fil rouge de toute sa vie.
D’emblée, il perçoit que la meilleure manière d’approcher le mystère est de cultiver une vie vertueuse. Humilité, esprit de prière et assiduité au travail, ne cédant ni à la vaine curiosité ni à la paresse, font partie des vertus qui mèneront Thomas à gravir très jeune les différents échelons universitaires et à se forger une pensée personnelle extrêmement riche et équilibrée. La prodigieuse facilité avec laquelle il aborde les matières les plus ardues n’a d’égale que sa modestie, un effacement tel que peu remarquent cet élève réservé n’aimant pas prendre part aux débats ou discussions passionnées. S’il ne se met jamais en avant, se dessine déjà chez lui ce désir si généreux, qui sera une marque constante de sa vie, de mettre ses dons au service de ceux qui, comme lui, cherchent la vérité. « Il est plus beau d’éclairer que de briller » écrira-t-il plus tard.
À 20 ans, il revêt l’habit dominicain, conquis qu’il est par l’esprit de pauvreté, de contemplation, d’étude et de prédication de ce tout jeune ordre. Mais sa famille, n’acceptant pas sa vocation, l’enlève « manu militari » et le séquestre dans le château familial, où il est soumis à différentes pressions pour le faire changer d’avis. Ces épreuves, loin de l’affaiblir, renforcent sa détermination. Et son rayonnement est tel que sa sœur, envoyée auprès de lui pour l’amadouer, recevra à ses côtés la grâce de la vocation religieuse ! Lorsqu’au bout d’un an, il réussit enfin à s’évader, ses frères dominicains s’empressent de l’envoyer au loin, à Paris, puis à Cologne pour y poursuivre ses études. Deux villes où il aura la grâce d’être l’élève de Saint Albert le Grand. Conscient de la valeur de son maître et tout heureux d’être à son école, Thomas se fait encore plus silencieux et attentif, ce qui lui attire, de la part des autres étudiants, le surnom de « bœuf muet ». Mais son maître ne s’y trompe pas : « son mugissement retentira sur la terre entière » prédit-il aux railleurs.
En 1250, Thomas est ordonné prêtre. Chaque jour, il met tout son cœur à célébrer la Sainte Messe et à en servir une deuxième ! Il se montre également un religieux affable, au visage toujours gai. Revenu à Paris, il est nommé maître en Théologie à la célèbre université de la Sorbonne. Il y devient rapidement une autorité, à l’égal de Saint Bonaventure. Le chapitre général de son ordre le charge, avec maître Albert, de réorganiser le cursus universitaire des frères. Thomas s’y donne de tout son cœur et commence à beaucoup écrire, heureux de consacrer son temps à l’édification et à la formation de ses frères.
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