Bienheureux frère Gioacchino-Marie Stevan (1/2)
« Je n’assouvirai jamais ma soif d’amour et de réparation pour Jésus.» (Journal intime)
Antonio Stevan, quatrième d’une fratrie de cinq, naît le 18 novembre 1921 dans une famille chrétienne d’une ville charmante de l’Italie du nord, près de Venise. Valentino et Lucia Tonolio sans être aisés financièrement, assurent le confort du foyer grâce au revenu de la boulangerie familiale. Quelques jours après sa naissance, Antonio est si fragile qu’il est baptisé en urgence (la cérémonie sera complétée à l’église le 11 décembre). Ses années d’école primaire (1928-1934) sont validées avec beaucoup de difficultés puisque sa présence à la boulangerie dès l’âge de 10 ans est devenue nécessaire. Cependant, sans se décourager, il se donne les moyens par une étude personnelle rigoureuse, de réussir ce qui correspondrait en France au brevet des collèges.
Après avoir fait sa première communion le 18 mai 1930, il reçoit le sacrement de la confirmation des mains de l’évêque de Vicenza à l’âge de 12 ans. Mais sa vie intérieure a déjà pris un relief particulier quelques années auparavant, lorsque, dès ses 9 ans, Antonio a été inscrit comme aspirant à l’Action Catholique. L’ascension spirituelle qui s’en suit est alimentée par ses œuvres de piété et un apostolat qu’il réalise avec enthousiasme. Persévérant, il entretient les valeurs reçues dans le cadre familial et paroissial, valeurs qui font le centre de la spiritualité de l’Action Catholique italienne : la prière, l’action et le sacrifice. Tout en n’ayant pas vécu de phénomènes extraordinaires, Antonio fait preuve dès son jeune âge d’une vie en cohérence avec sa foi. Il gardera cette caractéristique jusqu’à son entrée en religion qui favorisera la poursuite de l’idéal chrétien.
Pieux, Antonio ne néglige pourtant pas les plaisirs sains d’une vie saine. À l’été 1939, il fait partie du groupe de cyclistes amateurs de Bassano. Mais le 8 janvier 1940, c’est au service militaire qu’il est admis. Assigné en premier lieu à la caserne des chasseurs alpins de Strigno (Trente), en octobre 1941, il rejoint un théâtre d’opération dans les Balkans, avec la mission de conduire la mule blanche chargée du matériel le plus lourd. Cela lui permet de ne pas participer aux rafles commises par les unités partisanes dirigées par le Maréchal Tito. Le 25 août 1942, son régiment (le 5ème régiment de chasseurs alpins) quitte le Monténégro et retourne en Italie avant de s’embarquer pour la France le 25 novembre suivant, où il restera en garnison jusqu’au 8 septembre 1943.
Après la signature de l’armistice, il réussit à rentrer, non sans difficultés, dans sa ville natale où il peut retrouver le fourneau paternel et assurer la survie de la boulangerie. Mais les hostilités ne sont pas finies. À plusieurs reprises il échappe aux rafles nazies et fascistes. Antonio a maintenant 26 ans. Il se fait du souci pour son avenir, d’autant plus que deux tentatives de fiançailles viennent d’échouer. Cependant, c’est à ce moment que l’idée de se consacrer à Dieu se fait plus pressante.
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