Monseigneur de Boismenu
« L’évêque au cœur de Lion » (1/2)
Aussi appelé l’évêque des Papous, sa devise épiscopale est tirée de la prière que le Christ adresse à son Père « Cognoscant Te » (Qu’ils te connaissent).
Sa jeunesse
Ce grand missionnaire, Alain-Marie est né à Saint-Malo le 27 décembre 1870, dans une famille nombreuse, onzième de onze enfants. Sa mère décède en couche. Augustine, âgée de quinze ans prend en charge la maison, secondant leur père François.
Le papa travaille comme armateur pour la Terre-Neuve et les Iles. Il a une grande réputation de droiture, de bonté et d’accueil. Alain, de caractère vif et ardent, est apprécié pour ses qualités de chef, d’organisateur, de réflexion et pour sa bonne humeur. A sept ans il rétorque à sa sœur aînée qu’il souhaite choisir d’obéir. Son père lui demande qu’il choisisse d’obéir simplement à Augustine. Ce qu’il fera toute sa vie. Cinquante ans plus tard il affirmera en souriant « Je n’obéis qu’à deux personnes sur terre : ma sœur… et le Pape. »
À l’âge de dix, il est convaincu de sa vocation à la prêtrise, ce qui est bien accueilli par son père. A la mort de son père, il a alors quinze ans, il décide qu’il sera missionnaire. Il entre chez les missionnaires du Sacré Cœur et prononce ses vœux religieux en 1888. Il est ordonné prêtre en 1895. Il donne deux années pour la formation, puis pour sa plus grande joie, en 1897 on lui annonce qu’il est envoyé en Papouasie, le départ a lieu en 1898. Tout va très vite sur place. Deux semaines après son arrivée il est nommé conseiller épiscopal et supérieur délégué. Il a vingt-huit ans. Les anciens apprécient son énergie et ses qualités de jugement.
Ardeur missionnaire en terre païenne, sa méthode : la conquête
Tout de suite, le Père de Boismenu prêche par l’exemple en prenant la tête des expéditions dans un climat difficile et une région fort escarpée, luxuriante et si peu explorée. En juin 1899 alors qu’il est à plus de 2000 mètres d’altitude pour atteindre la tribu des Mafoulous, les missionnaires sont attaqués, dépouillés de leurs affaires et de leurs vivres. Ils ne survivent que grâce à de rudes journées de marche. A son retour, il apprend sa nomination à l’épiscopat en qualité de coadjuteur de Mgr Navarre. Il est le premier à être sacré évêque en la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre le 18 mars 1900.
Mgr Alain, comme l’appellent les Papous, a le souci de parcourir les missions, il compte sur ses missionnaires et plus encore sur leur foi. Voici ce qu’il écrit d’eux :
« Ces grands missionnaires : caractère viril, entreprenants, tenaces, que rien ne rebute et rien ne déconcerte, et qui ne doutent de rien parce qu’ils ne comptent que sur Dieu. »
Les deux guerres mondiales et leurs répercussions mettent en grande difficulté les missions. Il trouve toujours le moyen d’encourager ses missionnaires pour le salut des âmes au prix de sacrifices nécessaires et bien coûteux. Il exhorte ainsi ses religieux qui ont fait vœux de pauvreté « C’est le moment d’affermir notre loyauté et de lui faire, quand même, bon visage et diligent accueil, crainte qu’elle ne tourne à l’aigre indigence et ne ruine toute la maison ».