Introduction : Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ?
En parcourant l’Écriture... La mission du Serviteur Souffrant
Introduction
Nous commençons cette nouvelle série « en parcourant l’Ecriture » en plein temps du Carême, temps qui nous achemine vers les jours saints, les jours de la Passion du Seigneur.
Nous voudrions donc approfondir avec vous plusieurs prophéties de l’Ancien Testament qui décrivent la mission du Serviteur Souffrant, et plus particulièrement celles qui concernent les jours de la Passion. Car, comme le disait Jésus aux disciples de d’Emmaüs : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. (Lc 24, 25-27)
La Tradition rapporte que la Vierge Marie, ayant longuement médité les Écritures et éclairée par Dieu, avait parfaitement conscience de la mission du Messie comme Serviteur souffrant, de tout ce qu’Il devrait endurer pour nous sauver, et c’est en pleine connaissance de cause qu’elle a dit son « oui » au jour de l’Annonciation pour collaborer à cette mission, pour le Salut des âmes.
1 - Thèmes des articles
Nous voudrions donc nous aussi parcourir un bout de chemin avec Jésus, en cherchant à reconnaître dans les Écritures ce qui concerne sa douloureuse Passion, avec l’aide des enseignements du Magistère. Nous commenterons en particulier des extraits de l’Ancien Testament illustrant :
1 – Jésus, "élu" de Dieu, dépose librement sa vie pour nous sauver
4 – Le jugement devant le Sanhédrin, Pilate et Hérode
6 – Le chemin de Croix et la crucifixion
7 – La signification de la Passion comme œuvre de Rédemption.
2 - Ce que nous dit le CEC...
Le Catéchisme de l’Eglise Catholique nous dit à propos de la Mission rédemptrice du Christ :
« Le Fils de Dieu, "descendu du ciel non pour faire sa volonté mais celle de son Père qui l’a envoyé", "dit en entrant dans le monde : (...) Voici je viens (...) pour faire ô Dieu ta volonté. (...) C’est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés par l’oblation du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes". Dès le premier instant de son Incarnation, le Fils épouse le dessein de salut divin dans sa mission rédemptrice : "Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin". Le sacrifice de Jésus "pour les péchés du monde entier" est l’expression de sa communion d’amour au Père : "Le Père m’aime parce que je donne ma vie". "Il faut que le monde sache que j’aime le Père et que je fais comme le Père m’a commandé".
Ce désir d’épouser le dessein d’amour rédempteur de son Père anime toute la vie de Jésus car sa passion rédemptrice est la raison d’être de son Incarnation : "Père, sauve-moi de cette heure ! Mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure". "La coupe que m’a donnée le Père ne la boirai-je pas ?". Et encore sur la croix avant que "tout soit accompli", il dit : "J’ai soif".
Après avoir accepté de Lui donner le Baptême à la suite des pécheurs, Jean-Baptiste a vu et montré en Jésus l’Agneau de Dieu, qui enlève les péchés du monde. Il manifeste ainsi que Jésus est à la fois le Serviteur souffrant qui, silencieux, se laisse mener à l’abattoir et porte le péché des multitudes et l’agneau Pascal symbole de la rédemption d’Israël lors de la première Pâque. Toute la vie du Christ exprime sa mission : servir et donner sa vie en rançon pour la multitude.
En épousant dans son cœur humain l’amour du Père pour les hommes, Jésus "les a aimés jusqu’à la fin" "car il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime". Ainsi dans la souffrance et dans la mort, son humanité est devenue l’instrument libre et parfait de son amour divin qui veut le salut des hommes. En effet, il a librement accepté sa passion et sa mort par amour de son Père et des hommes que Celui-ci veut sauver : "Personne ne m’enlève la vie, mais je la donne de moi-même". D’où la souveraine liberté du Fils de Dieu quand il va lui-même vers la mort. [1]»
3 - Introduction avec les Exercices de Saint Ignace !
Avant de nous plonger plus particulièrement dans les prophéties concernant la Passion du Sauveur, nous vous proposons aujourd’hui de méditer l’exercice de Saint Ignace présentant le « Conseil de la Trinité pour l’Incarnation [2]» : il est comme le prélude à toute la Mission Rédemptrice de Jésus.
Voici ce qu’écrit Saint Ignace :
« […] Le premier prélude consiste à se rappeler l’histoire du mystère que l’on doit contempler. Ici, je me rappellerai comment les trois Personnes divines, contemplant la surface de la terre couverte d’hommes, et voyant que tous se précipitent en enfer, décrètent, dans leur éternité, que la seconde Personne de l’auguste Trinité se fasse homme pour sauver le genre humain ; et comment ce mystère s’accomplit, lorsque dans la plénitude des temps l’Archange Gabriel fut envoyé à Marie.
Le second prélude est la composition de lieu. Ici, je me représenterai l’immense étendue de la terre, peuplée de tant de nations diverses; puis je considérerai en particulier la maison et la chambre de Notre-Dame dans la ville de Nazareth, en Galilée.
Le troisième prélude est la demande de ce que l’on veut obtenir. Dans la contemplation présente, je demanderai la connaissance intime du Seigneur qui s’est fait homme pour moi, afin de l’aimer avec plus d’ardeur et de le suivre avec plus de fidélité. […]
Dans le premier point, je verrai successivement les personnes.
Premièrement, les hommes qui sont sur la terre, si divers de costumes et de visages : les uns blancs, les autres noirs ; les uns en paix, les autres en guerre ; les uns pleurant, les autres riant ; les uns sains, les autres malades ; les uns naissant et les autres mourant.
Secondement, je verrai et je considérerai les trois Personnes de la Sainte Trinité, assises sur le trône royal de la divine Majesté ; comme elles regardent tout cet univers et les nations plongées dans un aveuglement profond, et comme elles voient les hommes mourir et descendre en enfer.
Troisièmement, je verrai Notre-Dame et l’Ange qui la salue ; puis je réfléchirai, afin de tirer de l’utilité de cette considération.
Dans le second point, j’écouterai les paroles : premièrement, des hommes qui sont sur la terre, comment ils parlent les uns avec les autres, comment ils jurent et blasphèment, etc.; secondement, des Personnes divines, disant : Opérons la rédemption du genre humain, etc.; troisièmement, de l’Ange et de Notre-Dame : et je réfléchirai sur ces discours pour en tirer du profit.
Dans le troisième point, je considérerai les actions : premièrement, des hommes qui sont sur la terre ; ils s’attaquent, ils s’entre-tuent, ils tombent dans les enfers, etc.; secondement, des trois Personnes divines, qui opèrent la très sainte Incarnation, etc.; troisièmement, de l’Ange et de Notre-Dame : l’Ange s’acquitte de l’ambassade céleste, Marie s’humilie et rend grâces à la divine Majesté. Ensuite je réfléchirai pour tirer quelque utilité de chacune de ces circonstances.
Enfin, je ferai le colloque, en pensant à ce que je dois dire aux trois Personnes divines, au Verbe éternel incarné, à la Mère du Verbe et Notre-Dame ; et, selon le sentiment que j’éprouverai en moi-même, je demanderai tout ce qui peut m’aider à suivre de plus près et à imiter plus fidèlement Notre-Seigneur, comme s’il venait de s’incarner pour moi. Je terminerai en récitant le Notre Père. »
Que cette méditation nous aide à remercier plus profondément encore Notre-Seigneur pour l’œuvre merveilleuse de notre Rédemption, et nous porte à Le consoler et à l’accompagner au désert en ce temps de Carême !
Références
[1] Catéchisme de l’Eglise Catholique n°606-609
[2] Saint Ignace de Loyola – Exercices – n°101-109